Publié le 25/02/2018
Georges Gallienne par Pierre François
Les héros de la jeunesse ne sont pas seulement homériques et
imaginaires. Sur les chemins souvent difficiles qui les emmènent vers
la vie, les enfants ont le bonheur de rencontrer des hommes cordiaux,
accessibles, originaux, pleins de ressources.
Ce sont des oncles, des maîtres d'école, des jardiniers, des docteurs, ou — pourquoi pas ? — des chefs éclaireurs.
Ce sont des conteurs d'histoires, des montreurs de tours, et, lorsqu'il
le faut, des guides fermes et des donneurs de bourrades. Ils savent
écouter aussi, même les bêtises. Us occupent dans la société une
indispensable fonction, car ils donnent à la jeunesse de vivantes
raisons d'aimer, d'admirer, d'espérer.
Le pasteur Georges Gallienne était un de ces hommes.
Dans toutes les circonstances et dans tous les lieux où il eut à
exercer son ministère, il eut comme première préoccupation de grouper
les jeunes autour de lui, de gagner leur confiance et de leur proposer
de jolies façons de passer leurs dimanches.
Nous retrouvons Georges Gallienne en octobre 1910, à Grenelle, il est
tout heureux et plein d'enthousiasme, car il a découvert le scoutisme
de Baden-Powell.
Dans toutes les réunions qui, au cours de l'année 1911, groupèrent ceux
qui s'intéressaient au scoutisme et avaient le désir de l'introduire en
France, Georges Gallienne jouait le rôle précieux de celui qui
connaissait la question.
Il était l'homme rare, l'homme unique, qui chaque semaine « faisait »
du scoutisme avec une vraie troupe. Il fut donc un des plus ardents, un
des plus convaincants promoteurs de la création du mouvement français
de scoutisme.
Sensiblement à la même époque, Nicolas Benoît jetait les bases de
l'Association des Eclaireurs de France, ouverte à tous, quelles que
soient leurs croyances.
C'est à cette Association que le pasteur Gallienne affilia sa troupe et il l'expliqua ainsi :
« Dès le débat il me paraissait indispensable, pour l'unique bien
du garçon de France, de ne pas réserver les bienfaits du
scoutisme à la seule jeunesse protestante. L'œuvre de Grenelle
s'adressait, en effet, à tons les enfants, garçons et filles, que leurs
parents voulaient nous confier. Parmi eux se trouvaient des
catholiques, des Israélites, et un grand nombre élevés dans nne com
piété indifférence religieuse. Nul esprit de prosélytisme n'inspirait
notre action : nous voulions faire de nos enfants des hommes et des
femmes de caractère et de devoir. »
C'est l'esprit même des Eclaireurs de France, celui du début et celui d'aujourd'hui, que définissait ainsi Georges Gallienne.
Présent parmi nous jusqu'à son dernier souffle, il incarnait cet esprit
et il intervenait, avec autant de bonhomie que de fermeté, contre les
moindres menaces de sectarisme.
Il voulait aussi que le scoutisme ne fût pas seulement réservé à une catégorie de privilégiés.
Comme notre cher Vieux Castor de la rue Mouffetard, auquel le liait une
grande affection, il pensait avant tout aux garçons des milieux les
plus déshérités, des quartiers les plus tristes et c'est avec eux qu'il
campait.
Il faut que tous les Eclaireurs de France tournent leur pensée avec
reconnaissance vers celui qui fut un des plus purs, un des meilleurs
fondateurs et animateurs du Mouvement. II faut qu'ils suivent
fidèlement son exemple.
Pierre François